La disparition de Josef Mengele, d'Olivier Guez
La fuite, la nouvelle vie et les angoisses du médecin nazi, Josef Mengele
Dans La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez retrace la fuite, la nouvelle vie et les angoisses du médecin tortionnaire nazi Josef Mengele jusqu'à sa mort et répond donc à une question qui l’intéressait et nous intrigue : « Si la justice ne l'a pas puni, est-ce que la vie, elle, l'a puni pour son crime contre l'humanité ? » On découvre dans ce roman écrit dans une langue fluide, un Mengele sûr de n'avoir rien fait de mal et dont les propos et les idées ne changent en rien après la guerre.
Elisa Depré, 1ère L
Publié dans les chroniques du Nord-Littoral du 12-11-17
Une phrase scandaleuse
"Les SS brûlaient des hommes, des femmes et des enfants vivants dans les fosses ; Irène et Josef ramassaient des myrtilles dont elle faisait des confitures."La disparition de Josef Mengele
Cette phrase m'a particulièrement frappée car on remarque le détachement de Josef face aux atrocités que vivent les déportés, particulièrement lorsqu'il est avec Irène. Cette citation est composée de deux parties, la première qui relate l'horreur de l'univers concentrationnaire et la deuxième qui se penche sur la relation de bonheur et d'apaisement de Josef et Irène. Ces deux scènes semblent se dérouler durant deux temporalités et deux endroits différents. Cependant, elles se passent en même temps et l'une à côté de l'autre. Guez nous fait passer du coq à l'âne en nous confrontant à deux opposés dès le début du roman et dans la même phrase : il met en évidence l'horreur du comportement d'un nazi.Jade
Olivier Guez répond aux lycéens du Nord
Olivier Guez était dans le premier groupe des six auteurs que nous avons rencontrés, avec Verger, Ragougneau, Désérable, Zeniter et Adimi. Il était plutôt posé et répondait de manière franche, mais détaillait bien ses réponses.
La première question à lui être posée a été : "Pourquoi avez-vous décidé d'écrire sur Mengele et pas un nazi plus important ?"
Il nous a donc répondu en nous expliquant qu'il était intéressé par les nazis de l'après-guerre et ce qu'ils devenaient. Il a donc choisi Mengele et pas un autre du fait que pour lui, Mengele avait un nom "fantasmagorique." C'est un nom qui suscitait l'effroi et qui, selon lui, faisait penser à une sorte d'araignée ou de poison. Il pense aussi que sa tête suscite l'effroi, car son sourire est glacial et fait presque peur. (Illustration: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/f/fc/Josef_Mengele.jpg)
Il trouvait aussi que la vie de Mengele était réellement "fascinante" car ce nazi n'a jamais arrêté, et écrire sur ce type de personnage constamment en fuite relevait du roman policier, car Guez devait mener une sorte d'enquête jusqu'à la mort de Mengele. Il finit par nous dire qu'il y a un réel questionnement sur la fin de sa vie, qui est exécrable: "a-t-il été condamné par la vie?"
Les autres auteurs sont ensuite interrogés avant que ce soit le tour de Guez. Un élève lui demande quelles sont ses activités hors-écriture. Guez répond donc que son activité principale est la lecture, car "quand je commence un livre, nous dit-il, je ne peux pas m'arrêter et je lis donc 24 heures sur 24." Il nous apprend aussi qu'il n'écrit pas l'après-midi mais plutôt le soir et la nuit, préférant s'adonner à d'autres activités la journée (comme la lecture).
Les cinq auteurs répondent de nouveau aux questions des lycéens, et c'est à nouveau le tour de Guez. Un élève d'un autre lycée lui pose cette question : "Mengele s'est-il réellement entouré de tant de chiens au Brésil ?", et Guez répond qu'il s'est effectivement entouré de tant de chiens au Brésil. En effet, Mengele, persuadé d'être poursuivi et traqué, s'était entouré d'une meute de quinze bâtards dans son poste d'observation à la ferme de Geza et Gitta. Pour savoir tant de choses sur sa vie, il nous a avoué avoir lu des thèses universitaires et avoir littéralement demandé son dossier d'immigration au Paraguay, quand Mengele était enregistré sous un faux nom, en se faisant passer pour son petit-fils. Il a donc réussi à avoir ses fichiers et les a par conséquent exploités.
Une autre question lui est ensuite posée après un autre tour des auteurs: "Est-ce que tous les personnages du roman ont existé?". Il nous confirme donc que tous les personnages de son roman ont bel et bien existé.
La dernière question à lui être posée après un quatrième tour des auteurs est celle de notre Lycée, par Emma: "Comment avez-vous pu supporter de faire de Mengele un personnage de roman ? N'était-ce pas difficile de vous attacher à ce type si laid ?". Guez nous répond donc en expliquant qu'il a dû passer par trois phases afin de se préparer et de se documenter sur Mengele :
• La première était de "tourner" autour de Mengele : il a cherché comment les autres auteurs avaient abordé et écrit sur ce personnage.
• La deuxième était la plus compliquée pour lui : celle d'affronter ses actes et voir ce qu'il a commis : petit à petit, il perdait l'ascendant face à Mengele puisqu'il commençait par exemple à faire des cauchemars à cause des actes que le médecin a réalisés et la vie de pacha qu'il avait jusqu'en 1962.
• La troisième était de voir l'être pitoyable qu'il est devenu après 1962 : il a donc réussi à reprendre l'ascendant face à Mengele, car le mendiant et le vieillard aigri qu'il devint ne l'effrayaient point.
Les questions pour le premier groupe d'auteurs se sont achevées après cette réponse, et Guez a attendu la fin de la rencontre du deuxième groupe d'écrivains pour signer des autographes avec les autres écrivains.
D'après les notes d'Enzo
1) Pourquoi écrire sur un nazi et pourquoi Mengele ?
Olivier Guez voulait écrire sur un nazi d'après-guerre, puisque avant cela, durant dix ans il s'est intéressé aux victimes et non aux meurtriers. Il a choisi Mengele car pour lui, il est fantasmagorique et provoque un effroi qui l'intéressait beaucoup ; c'est un peu comme un roman policier : on s'intéresse à pourquoi et comment il a fait pour ne pas être arrêté. On a aussi beaucoup raconté de mythes à son sujet. Olivier Guez a donc voulu rétablir la vérité, se demandant comment cet homme a pu faire tant de mal à quatre cent mille personnes et si la vie l'a puni d'une manière ou d'une autre.
Quand il était jeune, il n'écrivait pas et n'aimait pas écrire ; par contre, il adorait lire. Il écrit aujourd'hui sept jours sur sept et cela sans s'arrêter.
Le chien ou plutôt les chiens ne sont pas sa part d'humanité, du moins ce n'était pas l'idée. Dans la deuxième partie du roman, il est persuadué d'être traqué, il a donc eu quinze chiens dont Tsigano : ce n'était en aucun cas sa part d'humanité mais plutôt pour se protéger et par peur de se faire attraper. Olivier Guez ajoute ensuite qu'il a eu accès à des documents authentiques de toutes sortes comme des thèses universitaires. Il a même été à Buenos Aires dans le musée de l'immigration où l'on peut chercher des fiches sur tous les immigrés d'Argentine, il s'est amusé à chercher Helmut Gregor, le nouveau nom de Joseph Mengele et a trouvé sa fiche, sa photo, ses mensurations etc. Il a aussi trouvé une biographie écrite par son fils et deux autres auteurs qui se sont appuyés sur le journal que Mengele avait écrit au Brésil.
Mengele a vraiment existé, il a vraiment été à Perone en Argentine et ses histoires d'amour elles aussi ont vraiment existé.
Il y a eu deux phases : la première a été de tourner autour de lui et la deuxième, de l'affronter (il a même crié son nom durant la nuit alors que Mengele est un minable).
D'après les notes de Léa S.
L'histoire d'un criminel de guerre en fuite
Ce roman raconte l’histoire de Josef Mengele, ancien médecin d’Auschwitz qui a échappé à toutes poursuites et a vécu la fin de sa vie en cavale. Au début du livre Josef Mengele se cache derrière plusieurs pseudonymes et s’invente une vie de pacha à Buenos Aires. A cause de l’arrestation d’Eichmann, il doit cependant partir au Paraguay puis au Brésil.
Tout au long du livre, j’ai eu de la haine pour ce personnage savoir tout ce qu’il a pu faire et voir qu’il n’est pas condamné. Dans la première partie du livre, Mengele vit presque tranquillement pendant dix ans à Buenos Aires. Et dans la seconde partie il vit de planque en planque et meurt mystérieusement sur une plage en 1979.
Ce roman pourtant court m’a paru long et répétitif car Olivier Guez ne vient pas au but tout de suite et met beaucoup trop de suspense à mon goût. Mais Guez sait trop montrer d’une façon étrange ce qu’à vécu ce criminel de guerre et ce qu’il a fait après la guerre.
Marie L.
Les faits et gestes d'un criminel en fuite
«Mengele », « le médecin de la mort », « l'ange de la mort », voici de quel abominable personnage Olivier Guez a choisi de nous parler dans son livre de la rentrée littéraire 2017 : La disparition de Josef Mengele, dont l’éditeur est Bernard Grasset.
Joseph Mengele, cet ancien médecin nazi qui avait effectué, dans le camp d’Auschwitz, d'atroces expériences sur les déportés et envoyait celles et ceux qui ne l’intéressaient pas se faire gazer, des êtres humains que les nazis jugeaient inférieurs à eux, des « sous-hommes », des Juifs, des Tsiganes, des handicapés, des témoins de Jéhovah, des Russes, des opposants politiques et bien d’autres encore.
En 1949, Il est contraint de quitter son pays natal pour ne pas être retrouvé et puni de ses atrocités. Il réussit à s'enfuir et vit d’abord caché de 1945 à 1949 en Allemagne. Puis il se confine à Buenos Aires et par la suite dans divers pays d’Amérique Latine. Il arrive au Brésil à Serra Négra où il meurt sur une plage en 1979 dans des conditions mystérieuses, officiellement défaillance cardiaque.
Soit plus de 30 ans après la guerre. Comment un tel criminel a-t-il pu rester impuni pendant toutes ces années? C'est la question que pose l'auteur qui nous donne ici tous les faits historiques. Par exemple, Mengele a été avantagé par sa coquetterie, puisqu’il a toujours refusé le tatouage de son numéro d'immatriculation aux SS. De ce fait les troupes américaines n'ont pas pu l'identifier au moment de la défaite de la Nouvelle Allemagne.
C'est un texte vraiment intéressant de bout en bout, très instructif sur les réseaux d'anciens nazis, ainsi que sur le mode de vie de nombreux criminels dont celui de Josef Mengele. C’est pour cela que l’histoire qui nous est racontée là n’est pas pesante mais captivante en fait, par le suspense tout au long de l’histoire et l’envie de connaître la vie de cet abominable criminel nazi.
Nous comprenons mieux pourquoi l’auteur utilise la forme du roman. Ceci suscite une envie plus attirante à la lecture du livre, où à chaque changement de lieux, quelque chose vient rend ce personnage atroce un peu plus abordable même si Guez ne le rend jamais sympathique.
L’ouvrage est extrêmement documenté ; ce qui apporte de nombreux éléments pouvant servir à la compréhension des temps de guerre, et de l’histoire de l’Allemagne avant le nazisme et après, en voyant qu’il a échappé au procès de Nuremberg, procès où les criminels nazis ont été jugés.
Chloé H.