Achille à l'assaut du Goncourt des Lycéens

L'attachement au personnage est quelque chose de très important dans un roman puisqu'il nous permet de faciliter la compréhension de son univers et de ses actions. Les romanciers utilisent très souvent ce sentiment d'attachement afin de nous aider à comprendre quelque chose. Mais certains romanciers utilisent cependant le détachement pour nous faire parvenir d'autres émotions comme le doute. Yves Ravey est de ceux-ci. Son dernier roman Trois jours chez ma tante relate l'histoire de Marcello Martini, un homme vivant en Afrique contraint de rendre visite à sa tante Vicky.  Il lui demande une transaction pour aider l'association qu'il gère en Afrique. Nous allons donc voir comment Yves Ravey s'y prend pour que progressivement nous nous éloignions du personnage principal de son roman, et à quoi mène de détachement.

D'abord, dans Trois jours chez ma tante, Yves Ravey utilise beaucoup le mystère afin de nous faire douter de chacun des personnages et de ne pas pouvoir véritablement nous attacher à un personnage en particulier. Ce mystère est en effet entretenu grâce à la fameuse et mystérieuse histoire avec "Walter", qui aurait fait quitter Marcello pour l'Afrique. Dès le début du roman, cette histoire nous est présentée par Vicky et est utilisée comme un argument contre Marcello et sa fugue en Afrique. Cette affaire est néanmoins très vague et très brumeuse puisque nous ne savons absolument pas ce qui s'est passé et ce que Marcello ou Walter ont commis l'un contre l'autre jusqu'à la fin du roman. Nous remarquons de surcroît cette histoire d'association pour "éduquer" les enfants que gère Marcello en Afrique. Cette histoire est elle aussi très peu détaillée et il y a beaucoup de zones d'ombre non-éclaircies par Marcello lors du roman. Nous ne savons pas comment les enfants sont "éduqués", comment ils sont traités, comment cela est déclaré dans leur pays ; ce qui nous rend très suspicieux par rapport à la légalité de son activité. 

Ensuite, on peut remarquer l'apparition de l'épouse de Marcello au milieu du roman: Lydia. Ce personnage est capital dans l'histoire puisqu'elle connaît elle aussi parfaitement l'histoire avec Walter et est très suspicieuse par rapport à l'association de Marcello. Elle tente de reprendre contact avec Marcello puisqu'ils ne s'étaient pas parlé depuis que celui-ci était parti en Afrique. Nous apprenons l'existence d'une lettre extrêmement importante qu'il tente de cacher à Lydia. Le contenu de cette lettre ne nous est pas indiqué jusqu'à la fin du roman où nous apprenons que c'est la lettre qu'il avait "écrite" pour dénoncer Walter et dont nous parlait Vicky au début du roman. Lydia apporte une pression extrême sur Marcello et nous détache encore plus de lui après ce que nous apprenons concernant la lettre. 

Ce détachement mène à un mélange de suspicion et d'hostilité envers ce personnage puisque de fil en aiguille, beaucoup de mauvaises révélations le concernant nous sont parvenues et nous nous attachons bien plus à Vicky et même à Lydia qu'à Marcello. La suspicion apparaît au début du roman à cause de l'histoire mystérieuse avec Walter et de son association controversée, puis fait place à une hostilité lorsque Lydia apparaît et que la vérité concernant la lettre nous est dévoilée. 

Ainsi, Yves Ravey utilise le mystère grâce à l'affaire avec Walter et l'association pour nous rendre douteux et suspicieux puis le personnage de Lydia et la vérité concernant la lettre pour nous rendre hostile par rapport à Marcello, ce qui nous mène à un détachement progressif tout au long de l'histoire suite à toutes les révélations données par les personnages.

Enzo