De l'émotion à la réflexion
Bakhita, roman de Véronique Olmi, relate le destin d’une petite fille kidnappée au Darfour à l’âge de sept ans pour devenir esclave. Elle subira de nombreux traumatismes lors de sa période de captivité. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle ne reste pas esclave toute sa vie : son achat par le consul d’Italie lui sauve la vie. Elle deviendra par la suite domestique, puis religieuse et enfin sainte.
Petite fille, le personnage principal oublie son prénom lorsqu’elle se fait kidnapper. Elle a tellement été traumatisée que cet élément, qui peut paraître banal mais qui est en réalité la chose principale à la connaissance de soi-même, s’efface de ses pensées définitivement. Dès ses sept ans, il y a donc une part de mystère qui se crée en elle, sur son identité, la personne qu’elle est. Cette information est importante dans le livre, on le comprend dès le début du roman car il débute par : «Elle ne connaissait pas son nom». On sait donc dès le commencement quelque chose d’inhabituel, qui suscite premièrement une certaine émotion quant au personnage et également une réflexion : pourquoi ? Comment ? Si elle ne connaît pas son prénom, comment se définit-elle ? On voit comment malgré ce mystère, elle arrive à échapper à son avenir d’esclave, à devenir quelqu’un tout en ignorant qui elle est vraiment.
Ce roman amène également à réfléchir à la question de l’homme : comment dans l’histoire de telles tortures et sauvageries humaines ont-elles pu avoir lieu ? La plupart de ses maîtres étaient de couleur de peau noire, comme elle ; ce qui est intriguant. L’héroïne du livre subit des violences physiques importantes, elle passe de mains en mains, sert littéralement d’objet sexuel à bon nombre d’hommes. Ce roman conduit à une véritable réflexion sur la barbarie humaine et la mentalité de ces hommes durant cette période sombre de l’histoire.
L’une des principales qualités de ce roman est la distance et la proximité que l’écrivaine a installées entre le lecteur et le personnage. Le fait que le roman soit écrit à la troisième personne du singulier crée une distance avec le personnage, on n’est pas dans la peau de celui-ci, on est celui qui découvre son histoire. Malgré tout, on suit le court de sa vie à ses côtés, on l’accompagne dans son histoire. Cette proximité distante est intéressante à observer.
Enfin, ce roman et l’histoire de ce personnage, qui a bel et bien existé, valent la peine d’être lus. Dès toute petite, à partir du moment où elle se fait kidnapper, il se crée en Bakhita, une force incroyable, un instinct de survie qui est très impressionnant et intéressant à analyser. Entre émotion, choc et réflexion, Véronique Olmi nous fait vivre à travers une narration simple avec le personnage tout au long de son histoire difficile.
Eugénie M.
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